• COMMUNIQUÉ

     

     

    Nous voulons la vérité sur la mort de Vilhelm Covaci

     

    Suite à la mort, dans la nuit du 19 au 20 Juin 2006, d’un jeune Rrom poursuivi par la police, l’association «  La Voix des Rroms » demande que toute la lumière soit faite sur cette affaire grave. Un an après que des policiers enivrés aient ouvert le feu sur des lieux de vie de Rroms, Vilhelm Covaci, 19 ans, meurt noyé dans le canal Saint Denis en essayant d’échapper aux policiers qui le poursuivaient. Son beau frère, Daniel L., qui l’accompagnait, a été lui aussi brutalement frappé, sur les lieux et ensuite au commissariat, d’où il a été envoyé à l’hôpital à Bobigny, pour ensuite être relâché. Aux côtés de la famille de la victime, l’association «  La Voix des Rroms » demande que toute la lumière soit faite sur cette affaire dramatique. Une conférence de presse sera organisée le mardi 27 juin à 11 heures sur le terrain où vivent les parents (détails en bas de page), où seront annoncées entre autres de nouvelles initiatives des associations rroms et des citoyens concernés.

    Le corps sans vie de Vilhelm Covaci, âgé de 19 ans, a été retrouvé dans le canal Saint Denis vendredi 23 juin vers 12h 30. Le Procureur de la République a ordonné l’ouverture d’une enquête, et le transport du corps du jeune Covaci à l’Institut médico-légal de Paris aux fins d’autopsie. En effet, Vilhelm Covaci savait parfaitement nager et à cette époque de l’année l’eau n’est pas assez froide pour faire penser à une hydrocution. Aussi, la cause réelle du décès nous interroge d’autant plus que, même si l’on savait que M. Covaci était noyé à un endroit précis (là où les policiers le poursuivaient), la recherche du corps n’a eu lieu que vendredi dernier, soit 3 jours après. Des Rroms qui avaient assisté à la scène de la nuit du 19 au 20 affirment avoir entendu des cris et vu des policiers frapper violemment un jeune homme couché par terre, ce que le témoignage de M. Daniel L. confirme.

    Aux côtés de la famille de la victime, l’association «  La Voix des Rroms », exige la vérité sur les circonstances précises de la mort de Vilhelm Covaci, en saisissant la justice. Aussi, nous voulons faire un point sur les brutalités policières dont les Rroms sont victimes. Par exemple, il y a environ un an, toujours sur Aubervilliers, des policiers ouvraient le feu sur un endroit habité par des Rroms de Roumanie en criant des insultes racistes. Une enquête avait été ouverte alors, mais à ce jour nous n’avons pas de nouvelles. Aujourd’hui l’affaire est infiniment plus grave, il y a mort d’homme. Après le racisme des mots, clairement exprimé, comme par M. Yves Calvi est ses amis dans l’émission « Délinquance, la route des Roms » diffusée sur la chaîne publique France 5, (chaîne se disant culturelle et pédagogique), nous sommes confrontés à un racisme d’Etat meurtrier.

    Une conférence de presse sera organisée le mardi  27 juin à 11 heures à Aubervilliers, sur le terrain où vivait le malheureux Vilhelm Covaci

    Pour s’y rendre : Porte d’Aubervilliers, prendre la rue de la Gare , à droite des tentes du cirque qui font face au rond point. A la fin de la rue de la Gare, tourner à droite devant l’entreprise de béton. Le terrain rrom est fermé par une porte de tôle ondulée grise et verte.

    Venez nombreux, journalistes et citoyens soucieux des droits et libertés qui devraient être à la base de tout Etat de droit

     


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  • Vous avez certainement entendu parler de la dernière idée du ministre de l'intérieur, soumettant la régularisation des enfants étrangers scolarisés en France à la connaissance du français seul. Cela veut dire, en d'autres mots, qu'à partir du moment où l'enfant parle une autre langue, il est susceptible d'être renvoyé, avec sa famille, dans son "pays d'origine". C'est un attaque frontale à la citoyennenté multiculturelle, sans parler de la drague des électeurs de l'extrême droite qui se poursuit inexorablement. Sur ce dernier point d'ailleurs, dans Le Parisien du 6 juin 2006, Claude Allègre écrit à propos de Royal : "Sarkozy court derrière Le Pen et Royal court derrière Sarkozy". Le Pen quant à lui, ajoute que "ça nous donne peut-être le résultat de 2007".
    Mais revenons à la seléction des élèves étrangers: A une période où l'Union européenne mise sur la connaissance de plusieurs langues, avec un accent mis sur celles extra-européennes, à l'heure où la connaissance d'au moins une langue étrangère est devenue tellement indispensables que les établissement se permettent même de faire de la publicité à la télé et partout, qu'est-ce que ça veut dire de ne régulariser la situation des enfants que s'ils parlent français à l'exclusion de toute autre langue? C'est simple. Dans d'autres mots, cela revient à dire: si on pouvait renvoyer tous les Arabes, tous les Noirs et tous les Tsiganes chez eux, on le ferait. Le problème est qu'il y en a qui ne peuvent être renvoyés nulle part parce qu'ils ne parlent que français. On est bien obligés de les garder ceux-là. Ne votez plus le Pen alors, vous voyez, il n'aurait pas fait mieux. Et tant pis si les parents de ses élèves maintiennent des pans entiers de l'économie française par leur travail. Tant pis si sans eux, la consomation, et donc la production, et donc la croissance, prendrait un coup. Les électeurs sont trop bêtes pour réfléchir si loin, tout ce qui les intéresse c'est de chasser les étrangers. C'est ce que M. Sarkozy pense. On verra en 2007 s'il a raison.
    En attendant, nous ne pouvons pas rester muets devant cette quasi criminalisation du bilinguisme. Ne serait-ce, en tant que Rroms, nous sommes tous au moins bilingues et, peu importe qui cette mesure touche en premier ou en priorité, nous nous devons de dire notre désaccord et notre colère. Non M. Benisti, ce n'est pas le fait pour les enfants de parler à la maison "le patois de leur pays d'origine" qui les pousse vers la délinquance, comme vous l'avez soutenu dans votre rapport d'il y a quelques mois sur la prévention de la délinquance. Mais ne perdons pas de temps pour argumenter contre votre thèse, il n'y a qu'à voir votre expression "patois de leur pays d'origine" pour se rendre compte de la philosophie qui vous inspire. Nous ne dirions jamais que les dizaines de milliers de jeunes français diplomés qui quittent chanque année la France pour travailler aux Etats-Unis, au Royaume Uni ou ailleurs, parlent "le patois de leur pays d'origine" entre amis les vendredi soir, et vous savez pourquoi? Non pas parce que le français vaut mieux que l'anglais, ou l'arabe, ou n'importe quelle autre langue, mais parce que entre vous et nous, nous n'avons certainement pas les mêmes valeurs. Aussi, et la question mérite d'être posée, comment va-t-on vérifier si l'enfant parle ou pas une autre langue que le français? Soyons clairs: les parents conseilleront certainement leurs enfants de ne surtout pas dire qu'ils parlent telle ou telle langue (on ne se croirait pas en 2006, mais plutôt...). Comment vérifier? Mettra-t-on des micros dans leurs foyers? Et s'ils s'en doutaient et ne parlaient plus qu'en français? Il ne resterait plus alors que de les torturer pendant qu'on leur pose des questions dans la langue qu'on les soupçone de parler...
    Enfin, nous mettons ici un communiqué de la Coordination Nationale des Sans Papiers sur cette question:
    Communiqué de la CNSP
    UN PREMIER RECUL DE SARKOZY DANS SA CHASSE AUX ENFANTS SANS PAPIERS :
    800 sur plus de 15.000 enfants et 600.000 sans papiers, le compte n y est pas!
    La nouvelle fortement médiatisée vient de tomber : une circulaire adoptée fin 2005 suspendait jusquà la fin de lannée scolaire lexpulsion des sans papiers élèves et leurs familles et donc renvoyait pendant les vacances la sale besogne. Mais « lenfant dimmigré non choisi », le Ministre de lIntérieur Sarkozy Nagy de Bosca, voyant manifestement que cette chasse aux enfants rappelle trop le Vel dHiv et Drancy des années pétainistes, vient dannoncer une mesure de régularisation de 800 familles « denfants nés et scolarisés en France ».
    Les sans papiers en lutte par des occupations à Marseille avec le Réseau éducation sans frontière (Resf), à Rouen, à Saint Denis, à Paris, à Lille, à Angoulême, à Poitiers avec une grève de la faim de 80 sans papiers, etc, le Réseau éducation sans frontière (Resf) composé délèves, denseignants, de syndicalistes, de parents, fortement mobilisé dans des actions multiples à travers le pays et les fortes mobilisations populaires au Mali et au Bénin où il sétait récemment rendu commencent à contraindre Sarkozy à un premier recul.
    Sarkozy pose néanmoins des conditions incroyables : Les enfants doivent être nés en France, être scolarisés en France et NE parler QUE Français. Cet « enfant d'immigré » nimagine pas une seule seconde que la bi-culturalité est une richesse et est un facteur structurant de lenfant.
    Aux temps bénis de colonies, le colonisateur enseignait à lécole coloniale que parler français à lécole est complémentaire de parler « indigènes » dans la société et dans sa famille. Maintenant Sarkozy Nagy de Bosca, ci-devant Ministre de la République « enseigne » le contraire. Il faut croire que nayant pas pu « bénéficier » du bilinguisme, léducation de notre cher Ministre de lIntérieur laisse à désirer et ça se voit dans ses mesures à lemporte pièce et sa peur viscérale de rater la présidentielle 2007.
    La coïncidence est aussi frappante. Qui na pas remarqué que le recul de sieur Sarkozy tombe à pic avec la sorite « présidentialiste » de dame Ségolène, laquelle découvre la combinaison du blairisme et du pétainisme et chasse sur les mêmes terres électoralistes dans le sillage malsain et nauséabond de « monsieur » Le Pen ?
    Les vertus électoralistes se conjuguent dorénavant à laune du « sécuritaire » et de « lémigré(e) bouc-émissaire » distillée par la famille facho ainsi composée par le grand-père Le Pen, le père De Villiers, le fils Sarko et la fille Ségo.
    Ah! Election présidentielle de 2007oblige, on a pas fini de voir les uns et les autres enterrés proprement et allègrement la République et sa devise Liberté, Fraternité, Egalité.

    Le modèle non dit de cette famille rejoint par les ex-républicains Sarko-Ségo est les USA, pays de Bush descendants des esclavagistes blancs. Voyez vous mêmes le désastre social et raciste produit par les politiques libérales et patronales aux USA :

    Sur le plan social : « - Plus de la moitié des hommes noirs élevés dans les quartiers défavorisés des centres-villes nont pas terminé leurs études secondaires. (…) - En 2000, 65% des hommes âgés de 22 à 30 ans et nayant pas terminé leurs études secondaires étaient sans emploi, soit quils naient pu en trouver un, soit quils nen aient pas cherché, soit quils soient incarcérés. Or ce taux est passé à 72% en 2004 (il était de 34% pour les blancs et de 19% pour les latinos se trouvant dans des situations comparables). Le taux dincarcération des noirs a augmenté alors même que le taux de criminalité a baissé.- Aggravation également de la situation des hommes noirs de 22 à 30 ans ayant terminé le lycée : 50% dentre eux étaient sans emploi en 2004, contre 46% en 2000.- Le taux dincarcération a grimpé au fil des années 1990, pour atteindre des sommets historiques : 24% des hommes noirs non étudiants âgés de 22 à 30 ans étaient en prison en 2004, contre 19% en 1995 - (…) Pas moins de six hommes noirs sur dix nayant pas terminé ses études secondaires ont déjà fait la prison à lâge de 15 ans » - Environ la moitié des noirs âgés de 25 à 35 ans et nayant pas fait détudes supérieurs ont des enfants dont ils nont pas la garde » - A Detroit, le chômage se chiffre à 14,1% soit le double de la moyenne nationale. Environ 1/3 de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et la ville est à 82% noire. Dans le Comté dOakland de lautre côté, habité à 83% par les blancs le revenu moyen des foyers y est 2 fois supérieur à celui des résidents du sud. Detroit est divisée entre blancs et noirs. Dans les années 50, Detroit comptait 2 millions dhabitants. Il y en a 900.000 aujourdhui ; après les émeutes raciales de 1967, des centaines de milliers de blancs sont partis refusant de cohabiter avec des noirs émancipés par le mouvement des droits civiques. La mort lente de lindustrie automobile a entraîné la disparition de la classe ouvrière traditionnelle et la ville est parsemée dimmenses usines désertes et abandonnées, mais occupées par 13.000 sans abri ». Le Sida : « 25 ans après la découverte du premier cas dinfection par le VIH aux USA, si les noirs représentent 13% de la population totale, ils comptent pour 51% des nouveaux cas dinfection Le virus touche 7 fois plus les hommes noirs que les hommes blancs, tandis que le taux dinfection des femmes noires est 20 fois supérieur à celui des femmes blanches »( Des statistiques éloquentes du Courrier international N°812 du 24 au 31 mai 2006).

    Ensemble, continuons dagir  pour faire échec à un tel projet en France.

    Fait à Paris le 06/06/06

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  • Nous (Lucia et Saimir ) venons de rentrer de République Tchèque, où nous étions invités par le Centre d'Analyse Politique pour une série de réunions avec des collègues rroms. C'était une expérience enrichissante, comme d'habitude dans ce genre de voyages. Nous avons pu partager avec nos amis là bas nos problèmes, nos activités, nos soucis et nos projets.

    Comme vous le savez peut-être, le racisme anti-rrom est assez fort en République Tchèque, avec parfois des bandes de skinheads particulièrement violentes. Heureusement, nous n'avons pas ce type de violence en France et nous espérons qu'elle disparaîtra aussi en République Tchèque. Est-ce pour autant que tout baigne ici, dans l'Héxagone? Nous n'en sommes vraiment pas sûrs. Il n'y a qu'à voir comment les forces de l'ordre agissent à l'égard des Rroms. Oui, nous savons que ce n'est pas uniquement à l'égard des Rroms qu'elles agissent ainsi, de ce point de vue là, on ne peut pas dire que la police ou la gendarmerie discrimine Oups ! 

    Il y a à peine une semaine, 300 gendarmes ont été mobilisés pour sortir de leurs lits des familles entières rroms à Béziers, et pour arrêter 25 personnes suspectées d'avoir commis des vols. Parmi les 25 personnes, il y avait aussi des enfants, des femmes et des vielliards. Ils sont pas bien costauds les gendarmes français, hein? Sinon, pourquoi il en faudrait 12 pour un suspect? Ah, j'ai oublié.... ça doit être l'argent mis dans la sécurité qui doit être dépensé avant la fin de l'année. Cet argent qui vient des impôts et dans lequel les écoles et les hôpitaux ne peuvent pas puiser, pour ne pas parler des associations.

    Voilà, pas de skinheads en France, pas de racisme violent et ouvert, ou si peu. Mais enfin, on peut mieux faire. Les partenaires qu'on a rencontrés en République Tchèque ont des conditions de travail de loin meilleures que nous en France (subventions, locaux, facilités diverses de la part des autorités). Tant mieux, parce qu'ils en ont vraiment besoin. Là n'est pas la question. Mais, jusqu'à preuve du contraire, la France est plus riche que la République Tchèque. Alors comment se fait-il que nos associations rroms n'ont pas le moindre soutien, financier ou autre? Ne vous en faites pas, nous vous le dirons dès que nous le saurons. En attendant, vous pouvez jeter un coup d'oeil dans l'album photo, pour voir quelques photos de Prague.

    A bientôt

     


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  • Voici ce que vous avez toujours voulu savoir sur nous, sans jamais oser le demander. Nous avons essayé de faire court et précis et on pense qu'on a réussi assez bien écrire en quelques lignes environ 1000 ans d'histoire d'un peuple...

       

     Qui sont les Rroms ?


    Les Rroms sont un peuple européen d’origine indienne,  dont les ancêtres sont venus de la moyenne vallée du Gange, en d’Inde du Nord, il y a environ 800 ans.
    Ils sont aujourd'hui dispersés dans le monde entier, surtout sur notre continent. Parvenus en Europe par l'Asie Mineure et le Bosphore, ils se sont installés d’abord dans les Balkans, puis dans les Carpates et petit à petit dans tous pays européens, de la Grèce à la Finlande et de la Russie à l'Europe occidentale (Espagne, Portugal, France, Allemagne et Royaume Uni). On compte environ 12 millions de Rroms en Europe, les deux pays qui en abritent le plus étant la Roumanie et la Bulgarie.
    Les Rroms au sens large se subdivisent principalement en Rroms dits "orientaux" (85% du total), en Sintés (souvent appelés Manouches en France – 4%) et en Kalés (ou Gitans – 10%), en Gypsies (ou Romanichals en Grande-Bretagne – 0,5%) – sans compter divers groupes de moindre importance numérique mais tout aussi Rroms que les autres Rroms. Au niveau européen, ils sont aujourd’hui sédentaires à 96%.
    Les Rroms sont un peuple sans territoire compact, qui n’a jamais eu de revendications territoriales, mais qui est lié par une conscience identitaire, une origine, une culture et une langue communes. Ils sont environ un demi million en France.


    Etre Rrom est donc une valeur positive indiscutable et vécue comme telle, de la même manière qu’on peut être fier d’être Chinois, Argentin ou Français


    Et les Tsiganes alors ?


    Le mot ‘Tsigane’ vient du grec Atsinganos; c'était le nom d'une secte qui a disparu au XIème siècle: bien avant l’arrivée des Rroms dans l'Empire byzantin, il y vivait cette secte, pratiquant une variante de la religion persane manichéenne (pré-islamique). Or, ses fidèles refusaient le contact physique avec tous les autres, qu’ils considéraient impurs. Les paysans byzantins les avaient donc appelés Atsinganos ("non touchés", mais ceci dans un sens très différent de la notion d'intouchable en Inde). Quand les Rroms arrivèrent à leur tour, venant d’Asie et gardant une certaine distance, les prirent pour un nouveau contingent de cette secte.
    A partir de ce nom, Atsinganoi, les Rroms d’Europe furent diversement appelés en fonction des différentes langues des pays dans lesquels ils arrivèrent ensuite : Zingari en Italie, Tsigani dans les pays slavophones et en roumain, Zigeuner en allemand, Cigane en portugais, Tsigane en français (et Cigains en vieux français)…
    A part son caractère péjoratif (dans de nombreuses langues il véhicule les idées de menteur, voleur, parasite, magouilleur, malpropre – la liste est sans fin), ce mot de Tsigane n'a pas de définition réelle. Plusieurs groupes en effet, qui n'ont aucun rapport entre eux de par leur origine, leur culture, leur langue et leur regard sur eux-mêmes sont à l'occasion appelés Tsiganes par les populations par les populations environnantes, ignorantes et souvent racistes à leur égard. Ont pu être appelés Tsiganes les Irish Travellers (celtes), les Yéniches (germaniques), les Egyptiens des Balkans, les Rudar (ou Beás – à l'origine Roumains du sud de la Serbie) et bien d'autres, jusqu'aux pillards de la guerre de Bosnie… Dans l'esprit de la pratique désormais universelle,  le 1er Congrès International des Rroms (Londres, 1971) a revendiqué le droit légitime de ce peuple à être reconnu sous son véritable nom de « Rrom » pour le désigner. On utilise parfois en France le terme "Rroms, Gitans et Manouches" pour spécifier les trois grandes branches de ce peuple.


    Rroms et Gens du Voyage


    De leur arrivée en Moldavie et Valachie au XIV siècle et jusqu'en 1856 les Rroms furent réduits en esclavage – et donc largement sédentaires. A peine 4 % de la population globale des Rroms (environ 15 millions) sont nomades. Ils n’ont jamais été nomades par culture, mais par nécessité :
    Pendant des siècles, ils ont été chassés de pays en pays, presque partout en Europe, sous peine des pires sanctions, y compris la peine de mort, parce que nés Rroms…. Ils tentaient donc de fuir violences et discriminations avec l'espoir de trouver un pays plus accueillant…
    Les gouvernements et les Parlements s’empressaient de promulguer des lois à leur encontre. Les états allemands à eux seuls ont voté cent quarante huit lois et décrets les concernant entre 1416 et 1774 !
    Dans l’Espagne du 16ème siècle, tout Rrom (Gitan, en ce pays) surpris en train de parler sa langue maternelle était puni de mutilation… ce qui explique que le rromani s'y transforma en ce qu’on appelle le « Kaló »,  un idiome en fait plus espagnol que rromani…
    Repoussés systématiquement, les Rroms d’Europe occidentale ont dû développer des moyens de subsistance adaptés à ce genre de vie : travaux agricoles saisonniers, travaux de réparation notamment de chaudronnerie, vannerie, voyance, maquignonnage, petit commerce ambulant… compatible avec la mobilité, dont certains sont aujourd'hui très fiers et qui constitue un Droit de l'Homme reconnu et pour l'exercice duquel tous les Rroms se battent.
     

    Le rromani – qu’est-ce que c’est au juste?


    C’est la langue des Rroms ! Elle est indiscutablement indienne et proche du hindi, langue de l’Inde. Son vocabulaire et sa grammaire de base sont indiens aux trois quarts. Le reste est constitué de vocabulaire emprunté principalement au persan, au grec et ensuite aux langues européennes de contact. Malgré sa prétendue diversité dialectale, le rromani est une seule et même langue et les Rroms de Russie, d’Albanie, de Grèce etc. peuvent très facilement communiquer entre eux en rromani – à la seule condition de ne pas l'avoir oublié…

    Ecrit depuis le début du 20ème siècle dans des alphabets différents selon les pays, le rromani dispose depuis 1990 d’une écriture commune laquelle permet notamment une meilleure diffusion de la littérature rrom. Dans certains pays, comme la Roumanie, il est enseigné à l’école et, en France, l’INALCO dispense une formation complète en langue et civilisation des Rroms.


     Rrom et Roumain, est-ce la même chose ?


    Les Rroms sont un peuple européen d’origine indienne, réparti dans l’ensemble de l’Europe et au-delà. Les Roumains sont un peuple de 30 millions d'âmes vivant en Roumanie, en République de Moldavie et dans quelques régions voisines. Leur langue, le roumain, est une langue néo-latine.
    Le mot « Rrom» vient du sanskrit « Domba», qui signifiait "artiste, artisan, qui crée de son esprit, de ses mains", alors que « Roumain » vient du nom de la ville de Rome.
    Il s’agit donc de deux peuples distincts ayant des origines, langues et cultures différentes. Certes, la Roumanie compte le nombre le plus important de Rroms – près de deux millions, mais c'est un hasard : tous les Rroms ne sont pas Roumains et  tous les Roumains ne sont pas Rroms


     

    Que signifie le terme Samudaripen ?


    En rromani, ce mot veut dire veut dire « meurtre collectif total », et il désigne le Génocide du peuple des Rroms, Sintés et Kalés  pendant la Seconde Guerre Mondiale.
     N’oublions jamais, alors même que les historiens et les medias passent encore trop souvent cette tragédie sous silence, que la population rrom en Europe a perdu plus de 500 000 des siens entre 1933 et 1945.  Les Nazis et leurs alliés de tous les pays ont persécuté, stérilisé, emprisonné, torturé, fusillé, et finalement gazé les Rroms dans les camps de la mort ou dans les bois. Etaient considérés comme Rroms ceux qui avaient au moins un arrière grand parent rrom.
    Les Rroms en tant que peuple étaient condamnés à l’extermination (voir l’ordonnance d’Himmler de 1938) car quoique « aryens » ils étaient considérés par les nazis comme des parias, asociaux, « de sang métissé », donc dangereux pour le "sang pur allemand". Il ne faut pas oublier, au-delà des morts, tous les Rroms restés orphelins, veufs et veuves, stérilisés, traumatisés à vie dans leur corps et leur esprit par la folie nazi.
    En 1997, le président des Etats-Unis Bill Clinton a choisi le professeur Ian Hancock, un intellectuel rrom, pour le nommer membre du U.S. Holocaust Memorial Council en tant que représentant du peuple rrom. Au cours des dix-sept ans d’existence de ce Conseil, c’était la deuxième fois seulement qu’un représentant rrom pouvait faire partie des 65 membres qui le composent. Lors du procès de Nuremberg qui jugea les criminels de guerre nazis, aucune déposition de Rrom ne fut entendue. Pourquoi ?????
    On vient de commémorer le 60ème anniversaire de la libération des camps nazis, et cependant, la population rromani attend toujours que le monde reconnaisse son martyre sous le régime nazi.

    Jusqu’à nos jours, seules les victimes rroms  de nationalité allemande ont reçu des « réparations » financières et sur le plan de l’histoire, presque rien n'est fait pour la reconnaissance du Samudaripen.

    Le saviez-vous ?

    Qu’ont en commun Django Reinhardt, Matéo Maximoff, Yul Brynner, Serge Poliakoff, Otto Müller, Camarón… ? Ils étaient Rroms !

    A quoi correspond le 8 avril - journée internationale des Rroms?

     
    Le 8 avril est une vieille fête des Rroms de Transylvanie – le "jour des chevaux" (sortie festive des abris d'hiver avec les chevaux ornés de guirlandes) mais elle a pris une nouvelle dimension plus récemment et beaucoup de Rroms de par le monde la célèbrent désormais comme la date du premier congrès mondial des Rroms en 1971. En ce jour important pour le peuple rrom, une pensée va tout naturellement aux victimes du Samudaripen, déportés et tués parce qu’ils étaient nés Rroms. Pour que ce chapitre ignoble de l'Histoire ne se répète plus jamais, nous pensons qu’il est important que tous se rapprochent pour mieux se connaître. Si la mère du racisme est l’ignorance, son père est l'égoïsme, et c’est donc en faisant la connaissance de la culture rrom que la méfiance, l’hostilité, la haine et le mépris vis-à-vis des Rroms finiront par devenir un simple sujet d'étude pour les historiens…

    SI MAN JEKH SUNO – aurait dit Martin Luther King

     

     


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