• Répression de la richesse culturelle maintenant?

    Vous avez certainement entendu parler de la dernière idée du ministre de l'intérieur, soumettant la régularisation des enfants étrangers scolarisés en France à la connaissance du français seul. Cela veut dire, en d'autres mots, qu'à partir du moment où l'enfant parle une autre langue, il est susceptible d'être renvoyé, avec sa famille, dans son "pays d'origine". C'est un attaque frontale à la citoyennenté multiculturelle, sans parler de la drague des électeurs de l'extrême droite qui se poursuit inexorablement. Sur ce dernier point d'ailleurs, dans Le Parisien du 6 juin 2006, Claude Allègre écrit à propos de Royal : "Sarkozy court derrière Le Pen et Royal court derrière Sarkozy". Le Pen quant à lui, ajoute que "ça nous donne peut-être le résultat de 2007".
    Mais revenons à la seléction des élèves étrangers: A une période où l'Union européenne mise sur la connaissance de plusieurs langues, avec un accent mis sur celles extra-européennes, à l'heure où la connaissance d'au moins une langue étrangère est devenue tellement indispensables que les établissement se permettent même de faire de la publicité à la télé et partout, qu'est-ce que ça veut dire de ne régulariser la situation des enfants que s'ils parlent français à l'exclusion de toute autre langue? C'est simple. Dans d'autres mots, cela revient à dire: si on pouvait renvoyer tous les Arabes, tous les Noirs et tous les Tsiganes chez eux, on le ferait. Le problème est qu'il y en a qui ne peuvent être renvoyés nulle part parce qu'ils ne parlent que français. On est bien obligés de les garder ceux-là. Ne votez plus le Pen alors, vous voyez, il n'aurait pas fait mieux. Et tant pis si les parents de ses élèves maintiennent des pans entiers de l'économie française par leur travail. Tant pis si sans eux, la consomation, et donc la production, et donc la croissance, prendrait un coup. Les électeurs sont trop bêtes pour réfléchir si loin, tout ce qui les intéresse c'est de chasser les étrangers. C'est ce que M. Sarkozy pense. On verra en 2007 s'il a raison.
    En attendant, nous ne pouvons pas rester muets devant cette quasi criminalisation du bilinguisme. Ne serait-ce, en tant que Rroms, nous sommes tous au moins bilingues et, peu importe qui cette mesure touche en premier ou en priorité, nous nous devons de dire notre désaccord et notre colère. Non M. Benisti, ce n'est pas le fait pour les enfants de parler à la maison "le patois de leur pays d'origine" qui les pousse vers la délinquance, comme vous l'avez soutenu dans votre rapport d'il y a quelques mois sur la prévention de la délinquance. Mais ne perdons pas de temps pour argumenter contre votre thèse, il n'y a qu'à voir votre expression "patois de leur pays d'origine" pour se rendre compte de la philosophie qui vous inspire. Nous ne dirions jamais que les dizaines de milliers de jeunes français diplomés qui quittent chanque année la France pour travailler aux Etats-Unis, au Royaume Uni ou ailleurs, parlent "le patois de leur pays d'origine" entre amis les vendredi soir, et vous savez pourquoi? Non pas parce que le français vaut mieux que l'anglais, ou l'arabe, ou n'importe quelle autre langue, mais parce que entre vous et nous, nous n'avons certainement pas les mêmes valeurs. Aussi, et la question mérite d'être posée, comment va-t-on vérifier si l'enfant parle ou pas une autre langue que le français? Soyons clairs: les parents conseilleront certainement leurs enfants de ne surtout pas dire qu'ils parlent telle ou telle langue (on ne se croirait pas en 2006, mais plutôt...). Comment vérifier? Mettra-t-on des micros dans leurs foyers? Et s'ils s'en doutaient et ne parlaient plus qu'en français? Il ne resterait plus alors que de les torturer pendant qu'on leur pose des questions dans la langue qu'on les soupçone de parler...
    Enfin, nous mettons ici un communiqué de la Coordination Nationale des Sans Papiers sur cette question:
    Communiqué de la CNSP
    UN PREMIER RECUL DE SARKOZY DANS SA CHASSE AUX ENFANTS SANS PAPIERS :
    800 sur plus de 15.000 enfants et 600.000 sans papiers, le compte n y est pas!
    La nouvelle fortement médiatisée vient de tomber : une circulaire adoptée fin 2005 suspendait jusquà la fin de lannée scolaire lexpulsion des sans papiers élèves et leurs familles et donc renvoyait pendant les vacances la sale besogne. Mais « lenfant dimmigré non choisi », le Ministre de lIntérieur Sarkozy Nagy de Bosca, voyant manifestement que cette chasse aux enfants rappelle trop le Vel dHiv et Drancy des années pétainistes, vient dannoncer une mesure de régularisation de 800 familles « denfants nés et scolarisés en France ».
    Les sans papiers en lutte par des occupations à Marseille avec le Réseau éducation sans frontière (Resf), à Rouen, à Saint Denis, à Paris, à Lille, à Angoulême, à Poitiers avec une grève de la faim de 80 sans papiers, etc, le Réseau éducation sans frontière (Resf) composé délèves, denseignants, de syndicalistes, de parents, fortement mobilisé dans des actions multiples à travers le pays et les fortes mobilisations populaires au Mali et au Bénin où il sétait récemment rendu commencent à contraindre Sarkozy à un premier recul.
    Sarkozy pose néanmoins des conditions incroyables : Les enfants doivent être nés en France, être scolarisés en France et NE parler QUE Français. Cet « enfant d'immigré » nimagine pas une seule seconde que la bi-culturalité est une richesse et est un facteur structurant de lenfant.
    Aux temps bénis de colonies, le colonisateur enseignait à lécole coloniale que parler français à lécole est complémentaire de parler « indigènes » dans la société et dans sa famille. Maintenant Sarkozy Nagy de Bosca, ci-devant Ministre de la République « enseigne » le contraire. Il faut croire que nayant pas pu « bénéficier » du bilinguisme, léducation de notre cher Ministre de lIntérieur laisse à désirer et ça se voit dans ses mesures à lemporte pièce et sa peur viscérale de rater la présidentielle 2007.
    La coïncidence est aussi frappante. Qui na pas remarqué que le recul de sieur Sarkozy tombe à pic avec la sorite « présidentialiste » de dame Ségolène, laquelle découvre la combinaison du blairisme et du pétainisme et chasse sur les mêmes terres électoralistes dans le sillage malsain et nauséabond de « monsieur » Le Pen ?
    Les vertus électoralistes se conjuguent dorénavant à laune du « sécuritaire » et de « lémigré(e) bouc-émissaire » distillée par la famille facho ainsi composée par le grand-père Le Pen, le père De Villiers, le fils Sarko et la fille Ségo.
    Ah! Election présidentielle de 2007oblige, on a pas fini de voir les uns et les autres enterrés proprement et allègrement la République et sa devise Liberté, Fraternité, Egalité.

    Le modèle non dit de cette famille rejoint par les ex-républicains Sarko-Ségo est les USA, pays de Bush descendants des esclavagistes blancs. Voyez vous mêmes le désastre social et raciste produit par les politiques libérales et patronales aux USA :

    Sur le plan social : « - Plus de la moitié des hommes noirs élevés dans les quartiers défavorisés des centres-villes nont pas terminé leurs études secondaires. (…) - En 2000, 65% des hommes âgés de 22 à 30 ans et nayant pas terminé leurs études secondaires étaient sans emploi, soit quils naient pu en trouver un, soit quils nen aient pas cherché, soit quils soient incarcérés. Or ce taux est passé à 72% en 2004 (il était de 34% pour les blancs et de 19% pour les latinos se trouvant dans des situations comparables). Le taux dincarcération des noirs a augmenté alors même que le taux de criminalité a baissé.- Aggravation également de la situation des hommes noirs de 22 à 30 ans ayant terminé le lycée : 50% dentre eux étaient sans emploi en 2004, contre 46% en 2000.- Le taux dincarcération a grimpé au fil des années 1990, pour atteindre des sommets historiques : 24% des hommes noirs non étudiants âgés de 22 à 30 ans étaient en prison en 2004, contre 19% en 1995 - (…) Pas moins de six hommes noirs sur dix nayant pas terminé ses études secondaires ont déjà fait la prison à lâge de 15 ans » - Environ la moitié des noirs âgés de 25 à 35 ans et nayant pas fait détudes supérieurs ont des enfants dont ils nont pas la garde » - A Detroit, le chômage se chiffre à 14,1% soit le double de la moyenne nationale. Environ 1/3 de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et la ville est à 82% noire. Dans le Comté dOakland de lautre côté, habité à 83% par les blancs le revenu moyen des foyers y est 2 fois supérieur à celui des résidents du sud. Detroit est divisée entre blancs et noirs. Dans les années 50, Detroit comptait 2 millions dhabitants. Il y en a 900.000 aujourdhui ; après les émeutes raciales de 1967, des centaines de milliers de blancs sont partis refusant de cohabiter avec des noirs émancipés par le mouvement des droits civiques. La mort lente de lindustrie automobile a entraîné la disparition de la classe ouvrière traditionnelle et la ville est parsemée dimmenses usines désertes et abandonnées, mais occupées par 13.000 sans abri ». Le Sida : « 25 ans après la découverte du premier cas dinfection par le VIH aux USA, si les noirs représentent 13% de la population totale, ils comptent pour 51% des nouveaux cas dinfection Le virus touche 7 fois plus les hommes noirs que les hommes blancs, tandis que le taux dinfection des femmes noires est 20 fois supérieur à celui des femmes blanches »( Des statistiques éloquentes du Courrier international N°812 du 24 au 31 mai 2006).

    Ensemble, continuons dagir  pour faire échec à un tel projet en France.

    Fait à Paris le 06/06/06

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