• Radio France international a consacré son émission "Repères" du vendredi dernier à la question de l'accès des Rroms à leurs droits. C'est drôle comment le changement de place du possessif "leur" change déjà l'idée... Oui, ce sont nos droits, au même titre que ce sont les droits de tout le monde, ce que des décideurs ont parfois tendance à oublier.

    Bon travail des jouralistes du RFI. C'est vrai qu'on peut mieux faire la prochaine fois, mais c'est un bon début déjà. Mieux faire? Eh bien, vous pouvez écouter l'émission en cliquant ici pour vous faire une idée. Ensuite, nos commentaires, les voici:

    • le "nomadisme" a été un peu trop présent dans l'émission, par rapport à ce qu'il représente numériquement et aussi du point de vue de sa perception par ceux de nos frères qui voyagent. Ce n'est pas tant le mouvement qui est en question, mais plutôt la liberté de pouvoir prendre la route, une liberté qui est devenue de plus en plus une contrainte au cours des siècles, mais plus spécialement au cours des dernières années; ce sont la police et la gendarmerie qui met les familles sur les routes plus souvent qu'elles ne partent d'elles-mêmes.
    • la critique de la démarche misérabiliste est certes au coeur de l'action de nombreuses associations rroms, et à juste titre. L'émission étant centrée sur le rapport du M. Robles, ancien Commissaire aux droits de l'homme auprès du Conseil de l'Europe, notre critique de la démarche misérabiliste, à écouter l'émission, semble tournée vers le Conseil de l'Europe. Nous ne stigmatisons aucune des organisations européennes en particulier, ni le Conseil de l'Europe, ni l'Union européenne ou autre, et c'est bien là le problème: en effet, ce type de démarche est, hélas, trop répandu et touche une majorité inquiétante des intervenants, internationaux, gouvernementaux ou associatifs.
    •  enfin, une explication s'impose en ce qui concerne l'explication du mot "Rrom" par notre ami de Belgrade, Zika: le mot "Rrom" ne signifie pas "être humain", comme il le dit dans son interview, mais "homme marié" ou "homme appartenant à notre peuple". "Etre humain" en rromani se dit "manus", et pris dans ce contexte, le mot "manus" peut désigner à la fois un Rrom ou un non-Rrom. En revanche, dans son sens restreint, il désigne les Sinté. Aussi, espérons nous que l'orthographe du mot "Rrom" sera corrigé bientôt sur le site du RFI et d'autres sites internet. Les deux "r" au début ne sont pas une erreur, comme l'on croit parfois; c'est bien l'orthographe du mot.

     

     


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  • Vous avez certainement entendu parler de la dernière idée du ministre de l'intérieur, soumettant la régularisation des enfants étrangers scolarisés en France à la connaissance du français seul. Cela veut dire, en d'autres mots, qu'à partir du moment où l'enfant parle une autre langue, il est susceptible d'être renvoyé, avec sa famille, dans son "pays d'origine". C'est un attaque frontale à la citoyennenté multiculturelle, sans parler de la drague des électeurs de l'extrême droite qui se poursuit inexorablement. Sur ce dernier point d'ailleurs, dans Le Parisien du 6 juin 2006, Claude Allègre écrit à propos de Royal : "Sarkozy court derrière Le Pen et Royal court derrière Sarkozy". Le Pen quant à lui, ajoute que "ça nous donne peut-être le résultat de 2007".
    Mais revenons à la seléction des élèves étrangers: A une période où l'Union européenne mise sur la connaissance de plusieurs langues, avec un accent mis sur celles extra-européennes, à l'heure où la connaissance d'au moins une langue étrangère est devenue tellement indispensables que les établissement se permettent même de faire de la publicité à la télé et partout, qu'est-ce que ça veut dire de ne régulariser la situation des enfants que s'ils parlent français à l'exclusion de toute autre langue? C'est simple. Dans d'autres mots, cela revient à dire: si on pouvait renvoyer tous les Arabes, tous les Noirs et tous les Tsiganes chez eux, on le ferait. Le problème est qu'il y en a qui ne peuvent être renvoyés nulle part parce qu'ils ne parlent que français. On est bien obligés de les garder ceux-là. Ne votez plus le Pen alors, vous voyez, il n'aurait pas fait mieux. Et tant pis si les parents de ses élèves maintiennent des pans entiers de l'économie française par leur travail. Tant pis si sans eux, la consomation, et donc la production, et donc la croissance, prendrait un coup. Les électeurs sont trop bêtes pour réfléchir si loin, tout ce qui les intéresse c'est de chasser les étrangers. C'est ce que M. Sarkozy pense. On verra en 2007 s'il a raison.
    En attendant, nous ne pouvons pas rester muets devant cette quasi criminalisation du bilinguisme. Ne serait-ce, en tant que Rroms, nous sommes tous au moins bilingues et, peu importe qui cette mesure touche en premier ou en priorité, nous nous devons de dire notre désaccord et notre colère. Non M. Benisti, ce n'est pas le fait pour les enfants de parler à la maison "le patois de leur pays d'origine" qui les pousse vers la délinquance, comme vous l'avez soutenu dans votre rapport d'il y a quelques mois sur la prévention de la délinquance. Mais ne perdons pas de temps pour argumenter contre votre thèse, il n'y a qu'à voir votre expression "patois de leur pays d'origine" pour se rendre compte de la philosophie qui vous inspire. Nous ne dirions jamais que les dizaines de milliers de jeunes français diplomés qui quittent chanque année la France pour travailler aux Etats-Unis, au Royaume Uni ou ailleurs, parlent "le patois de leur pays d'origine" entre amis les vendredi soir, et vous savez pourquoi? Non pas parce que le français vaut mieux que l'anglais, ou l'arabe, ou n'importe quelle autre langue, mais parce que entre vous et nous, nous n'avons certainement pas les mêmes valeurs. Aussi, et la question mérite d'être posée, comment va-t-on vérifier si l'enfant parle ou pas une autre langue que le français? Soyons clairs: les parents conseilleront certainement leurs enfants de ne surtout pas dire qu'ils parlent telle ou telle langue (on ne se croirait pas en 2006, mais plutôt...). Comment vérifier? Mettra-t-on des micros dans leurs foyers? Et s'ils s'en doutaient et ne parlaient plus qu'en français? Il ne resterait plus alors que de les torturer pendant qu'on leur pose des questions dans la langue qu'on les soupçone de parler...
    Enfin, nous mettons ici un communiqué de la Coordination Nationale des Sans Papiers sur cette question:
    Communiqué de la CNSP
    UN PREMIER RECUL DE SARKOZY DANS SA CHASSE AUX ENFANTS SANS PAPIERS :
    800 sur plus de 15.000 enfants et 600.000 sans papiers, le compte n y est pas!
    La nouvelle fortement médiatisée vient de tomber : une circulaire adoptée fin 2005 suspendait jusquà la fin de lannée scolaire lexpulsion des sans papiers élèves et leurs familles et donc renvoyait pendant les vacances la sale besogne. Mais « lenfant dimmigré non choisi », le Ministre de lIntérieur Sarkozy Nagy de Bosca, voyant manifestement que cette chasse aux enfants rappelle trop le Vel dHiv et Drancy des années pétainistes, vient dannoncer une mesure de régularisation de 800 familles « denfants nés et scolarisés en France ».
    Les sans papiers en lutte par des occupations à Marseille avec le Réseau éducation sans frontière (Resf), à Rouen, à Saint Denis, à Paris, à Lille, à Angoulême, à Poitiers avec une grève de la faim de 80 sans papiers, etc, le Réseau éducation sans frontière (Resf) composé délèves, denseignants, de syndicalistes, de parents, fortement mobilisé dans des actions multiples à travers le pays et les fortes mobilisations populaires au Mali et au Bénin où il sétait récemment rendu commencent à contraindre Sarkozy à un premier recul.
    Sarkozy pose néanmoins des conditions incroyables : Les enfants doivent être nés en France, être scolarisés en France et NE parler QUE Français. Cet « enfant d'immigré » nimagine pas une seule seconde que la bi-culturalité est une richesse et est un facteur structurant de lenfant.
    Aux temps bénis de colonies, le colonisateur enseignait à lécole coloniale que parler français à lécole est complémentaire de parler « indigènes » dans la société et dans sa famille. Maintenant Sarkozy Nagy de Bosca, ci-devant Ministre de la République « enseigne » le contraire. Il faut croire que nayant pas pu « bénéficier » du bilinguisme, léducation de notre cher Ministre de lIntérieur laisse à désirer et ça se voit dans ses mesures à lemporte pièce et sa peur viscérale de rater la présidentielle 2007.
    La coïncidence est aussi frappante. Qui na pas remarqué que le recul de sieur Sarkozy tombe à pic avec la sorite « présidentialiste » de dame Ségolène, laquelle découvre la combinaison du blairisme et du pétainisme et chasse sur les mêmes terres électoralistes dans le sillage malsain et nauséabond de « monsieur » Le Pen ?
    Les vertus électoralistes se conjuguent dorénavant à laune du « sécuritaire » et de « lémigré(e) bouc-émissaire » distillée par la famille facho ainsi composée par le grand-père Le Pen, le père De Villiers, le fils Sarko et la fille Ségo.
    Ah! Election présidentielle de 2007oblige, on a pas fini de voir les uns et les autres enterrés proprement et allègrement la République et sa devise Liberté, Fraternité, Egalité.

    Le modèle non dit de cette famille rejoint par les ex-républicains Sarko-Ségo est les USA, pays de Bush descendants des esclavagistes blancs. Voyez vous mêmes le désastre social et raciste produit par les politiques libérales et patronales aux USA :

    Sur le plan social : « - Plus de la moitié des hommes noirs élevés dans les quartiers défavorisés des centres-villes nont pas terminé leurs études secondaires. (…) - En 2000, 65% des hommes âgés de 22 à 30 ans et nayant pas terminé leurs études secondaires étaient sans emploi, soit quils naient pu en trouver un, soit quils nen aient pas cherché, soit quils soient incarcérés. Or ce taux est passé à 72% en 2004 (il était de 34% pour les blancs et de 19% pour les latinos se trouvant dans des situations comparables). Le taux dincarcération des noirs a augmenté alors même que le taux de criminalité a baissé.- Aggravation également de la situation des hommes noirs de 22 à 30 ans ayant terminé le lycée : 50% dentre eux étaient sans emploi en 2004, contre 46% en 2000.- Le taux dincarcération a grimpé au fil des années 1990, pour atteindre des sommets historiques : 24% des hommes noirs non étudiants âgés de 22 à 30 ans étaient en prison en 2004, contre 19% en 1995 - (…) Pas moins de six hommes noirs sur dix nayant pas terminé ses études secondaires ont déjà fait la prison à lâge de 15 ans » - Environ la moitié des noirs âgés de 25 à 35 ans et nayant pas fait détudes supérieurs ont des enfants dont ils nont pas la garde » - A Detroit, le chômage se chiffre à 14,1% soit le double de la moyenne nationale. Environ 1/3 de la population vit en dessous du seuil de pauvreté et la ville est à 82% noire. Dans le Comté dOakland de lautre côté, habité à 83% par les blancs le revenu moyen des foyers y est 2 fois supérieur à celui des résidents du sud. Detroit est divisée entre blancs et noirs. Dans les années 50, Detroit comptait 2 millions dhabitants. Il y en a 900.000 aujourdhui ; après les émeutes raciales de 1967, des centaines de milliers de blancs sont partis refusant de cohabiter avec des noirs émancipés par le mouvement des droits civiques. La mort lente de lindustrie automobile a entraîné la disparition de la classe ouvrière traditionnelle et la ville est parsemée dimmenses usines désertes et abandonnées, mais occupées par 13.000 sans abri ». Le Sida : « 25 ans après la découverte du premier cas dinfection par le VIH aux USA, si les noirs représentent 13% de la population totale, ils comptent pour 51% des nouveaux cas dinfection Le virus touche 7 fois plus les hommes noirs que les hommes blancs, tandis que le taux dinfection des femmes noires est 20 fois supérieur à celui des femmes blanches »( Des statistiques éloquentes du Courrier international N°812 du 24 au 31 mai 2006).

    Ensemble, continuons dagir  pour faire échec à un tel projet en France.

    Fait à Paris le 06/06/06

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  • Bonjour,

    Dans la rubrique média, nous avons beaucoup parlé de l'émission C dans l'air "Délinquance: la route des Roms". Cette émission était franchement raciste, mais elle n'est pas la seule, et les Rroms ne sont pas les seules cibles de Calvi et de ses invités privilégiés. Il est fort notre Calvi, il n'a peur de rien, il ne recule devant rien. Sans doute a-t-il des amis pouvant lui assurer une carrière dans un autre domaine, du type "conseiller en sécurité", puisque, après avoir été mis en garde par le Conseil Supérieur de l'Audiovisuel au sujet de l'émission (voir les archives pour le lien), il remet ça à propos des immigrants africains. Eux, ils n'ont pas pris la route des Roms, donc celle de la délinquance mais ils n'en sont pas moins dangeureux. "J'ai 2 femmes et 10 enfants", voilà le titre de C dans l'air qui leur est consacré. Vous pouvez voir ici une lettre ouverte adressée à Jérôme Clément et à Yves Calvi au sujet de cette émission.

     


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  • M. Nicolas Sarkozy, ministre de l'intérieur, s'est rendu à Perpignan un an après qu'un conflit ait opposé les Maghrébins aux Gitans de cette ville. Pour ceux qui ne se rappellent pas, nous précisons que le conflit était parti d'un fait divers, d'un meurtre très regrettable et lâche, mais qui au bout du compte n'aurait pas eu les conséquences qu'il a eu sans les médias et surtout, sans l'instrumentalisation, au moins aussi lâche que le meurtre lui-même, par certains politiques. On a tout de suite parlé des "communautés" en guerre et on a martelé ce message des semaines durant, étouffant la voix de ceux, Gitans, Maghrébins et autres, qui cherchaient, avec un mal fou dans ce bruit politico-médiatique, à calmer les esprits. Il a fallu attendre des semaines pour voir à la télé des Gitans et des Maghrébins disant "nous sommes frères, nous avons grandi ensemble, nous partageons les mêmes problèmes" etc. Le bon sens a quand même eu raison. Deux ans après, cependant, les "communautés" sont toujours dans les bouches, mais pas de la même manière. Regardez ici le reportage de France 3 Sud et comparez le mot "communauté" dans la bouche de M. Sarkozy et dans la bouche de M. Bourasse, que nous saluons pour son sens de citoyenneté! Evidemment, M. Bourasse parle de Perpignan un an après les confrontations, alors que M. Sarkozy parle de M. Sarkozy un an avant... l'élection présidentielle!

    Les problèmes sociaux, tels que le chômage, la pauvreté, l'habitat etc. n'ont rien d'ethnique, ni rien de "communautaire", pas plus que religieux. Alors, la prochaine fois, suivez la suggestion de M. Bourasse, de l'Observatoire citoyen, et au lieu des escadrons de CRS ou du ministre de l'intérieur, envoyez des travailleurs sociaux, des enseignants etc. Et nous ajoutons, au cas où de tels malheurs se reproduisent, à Perpignan ou ailleurs, M. Sarkozy, ne courez pas après les pasteurs des Gitans ou après les imams des Maghrébins pour qu'ils interviennent. Ce n'est pas le choc des civilisations ou la guerre des religions, ce n'est pasw les pasteurs et les imams qui se confrontent, ni les Gitans et les Maghrébins. Ce sont tout simplement des personnes sans repères et sans perspectives. Offrez-leur les possibilités de jouir des droits minima dans un Etat de droit, démocratique et relativement prospère, et les choses iront beaucoup mieux. Ce n'est ni dans la bible, ni dans le coran que ces personnes ont lu qu'ils devaient s'entretuer.


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