• MDM fait du lobbying pour les gestionnaires des "villages d'insertion"

    Après le jugement du TGI de Bobigny concernant le terrain où MDM a installé des tentes, nous avons tenu à clarifier la situation auprès du public par un communiqué de presse. Rue 89 a été le seul média à s'intéresser, et nous y avons publié une tribune. Se sentant attaquée, l'ONG a cru bon user d'un droit de réponse. En filigrane, on y sent une tentative à isoler La voix des Rroms et surtout à se redorer le blason de MDM en "modérant" un peu les propos tenus par son président sur les "villages d'insertion". La vérité est cependant toute autre: MDM va même plus loin que son éloge à ces camps de semi-internement, en demandant une augmentation des subventions pour ses gestionnaires. Courageuse, voire téméraire initiative!

    Voici notre réaction à cette nouvelle position de MDM:

    Détente sur la forme, oppositions de fond maquillées

    La Voix des Rroms se félicite d’abord de la détente relative dans la communication avec Médecins du Monde. En effet, il y a encore quelques semaines, la communication passait par avocats interposés, suite aux poursuites pour diffamation engagées par MdM contre le président de La voix des Rroms, poursuites dont MdM a été débouté. Or, si la communication est plus détendue dans la forme et les moyens employés, le fond du problème reste là, toujours le même. Des Rroms qui réfléchissent et qui agissent, on dirait que ça dérange.

    Ne mélangeons rien, ni même les genres

    La voix des Rroms s’est senti l’obligation de tirer la sonnette d’alarme au sujet des « villages d’insertion », ceci depuis bientôt un an, auprès notamment des instances européennes. Depuis février 2002, elle a aussi pris l’initiative de la création d’un blog spécial sur les « villages d’insertion », pour informer aussi le public de cette dérive.

    La voix des Rroms n’a pas pour but de polémiquer avec qui que ce soit, mais de défendre les intérêts de la population rromani dans son ensemble. Ainsi donc, nous ne défendons pas les droits des « familles roms », comme le dit MdM, par un abus de langage que nous laissons à l’appréciation de chacun.

    Accords et désaccords

    Parlant au nom de « tous les acteurs engagés auprès des Roms », MDM rappelle que ceux-ci dénoncent « avant tout les expulsions à répétition ». Nous sommes d’accord sur ce point-là avec tous les acteurs, engagés ou pas auprès des quelques milliers de Rroms roumains et bulgares survivant dans des bidonvilles en France, tout en ajoutant que ceux-ci ne représentent que 1,5 à 2% de tous les Rroms en France. Il n’y a effectivement pas de polémique sur ce point.

    En revanche, passer de la qualification des « villages d’insertion » de « solution efficace » à « une des manières, parmi d’autres, de tenter de répondre à une situation déplorable »...  ou encore dire que ces villages peuvent être utiles s’ils sont organisés avec les Roms eux-mêmes et « dotés de moyens suffisants et sur la durée ». Non, docteur ! Ce n’est pas parce que vous ajoutez de la vitamine C après avoir vainement tenté l’aspirine que vous soignerez une tumeur. Le seul qui gagne avec votre nouvelle prescription est le pharmacien qui vendra ses cachets. Ce n’est pas en internant 10% des Rroms de chaque bidonville qu’on résoudra le problème.

    Marketing ou justice sociale, chacun choisit

    Il est tout à fait compréhensible que Médecins du Monde soigne son image, mais celle-ci gagnerait certainement plus d’une prise de position claire que d’une fausse modération des propos, qui s’occupe plus de faire le jeu des gestionnaires de ces camps de semi-internement en demandant plus d’argent pour encore plus longtemps à leur bénéfice. Le choix de Médecins du Monde semble désormais fait et définitif. Il se trouve à l’opposé de l’opinion, argumentée, de La voix des Rroms, pour qui les villages d’insertion loin d’être une « manière de répondre à », sont « une situation déplorable » de plus.

    Tous ceux qui ont lu nos écrits respectifs ont compris que le problème principal était celui de l’accès à l’emploi pour « ces familles et pour les Roms d’Ile-de-France », comme MDM le dit encore par un malheureux abus de langage. Oui, ce problème se pose effectivement pour tous les Rroms, même au-delà de l’Ile-de-France et au-delà des quelques bidonvilles que MdM visite et dont elle prend les habitants comme un échantillon des 500.000 Rroms de France. Il est à résoudre par le changement de la loi en ce qui concerne les Roumains et les Bulgares et par le changement des mentalités en ce qui concerne l’ensemble des Rroms. C’est un vaste programme, certes. La voix des Rroms s’y est engagée depuis sa création en 2005 et s’y maintient, même sans avoir les moyens de l’establishment. Il semble que souvent les ambitions soient inversement proportionnelles aux moyens. La voix des Rroms a choisi de maintenir ses ambitions, même au détriment des moyens. Ce n’est peut-être pas un choix « rationnel », mais il a le mérite de l’honnêteté.




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