• Nous vous avions parlé de notre voyage à Prague.

    Entre autres, nous y avions été sollicités par RFI pour répondre à quelques questions. Il s'est agi, dans ces interviews, de comparer ce qui se passe avec les Rroms en France et en République tchèque. Si vous voulez voir le résultat, vous pouvez vous rendre sur ce site où vous trouverez un petit article ainsi que les interviews en audio.

     

    On profite de cette occasion de vous rapeller que tous les commentaires et toutes les opinions seraient les bienvenus.

     


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  •   Ici, nous mettrons quelques infos sur la façon dont les médias nous traitent. Ce sera en quelque sorte une rubrique aigre-douce, vous vous doutez-bien. Nous ferons des efforts pour que le côté doux de la chose prenne le dessus, dans la mesure où nos amis journalistes nous fourniront suffisamment d'ingrédients pour ce faire. Pour commencer, nous avons choisi un cas de délinquance aggravé: l'émission "Délinquance: la route des Roms", diffusée dans le cadre de la série C dans l'air le 11 février 2005. C'est un peu vieux déjà, mais le dossier est toujours en cours, alors il nous a semblé important de donner quelques éclaircicements sur l'affaire, à travers d'une sorte de dossier de presse que voici:

      

     COMMUNIQUE


    Tsiganophobie sur France 5- les Rroms déterminés à saisir
    le CSA et la justice

     

    Alarmées par le racisme prononcé de l’émission «Délinquance : la route des Roms », diffusée le 11 février 2005 sur France 5, les associations rroms de France Rromani Baxt, AVER contre le Racisme, La voix des Rroms et Ternikano Berno, avec l’appui l’Union Rromani Interna-tionale, ONG classée en catégorie 2 auprès du Conseil Economique et Social de l’ONU, saisiront le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel et le Procureur de la République d’une plainte pour incitation à la haine raciale. 
     

    Sous le titre "Délinquance: la route des Roms", M. Yves Calvi, animateur de l'émission "C dans l'air" s'est attaché le vendredi 11 février à démontrer que la mendicité des Rroms en France relève du crime organisé. Alors même que le reportage diffusé en cours d'émission dément une telle affirmation, il arrive à centrer l'attention du téléspectateur sur ce qui, selon la présentation faite, serait une extrême dangerosité de la communauté rrom. 

    Pour faire passer son message, M. Calvi a choisi des intervenants qui n’ont aucune connaissance des Rroms, et par conséquent des stéréotypes racistes du Moyen Âge (comme celui de l’enlèvement d’enfants non-rroms) reviennent au cours de l’émission de manière récurrente. Certains intervenants tiennent des discours ouvertement tsiganophobes. «50% - m'a-t-on dit, des prostituées à Bucarest sont des Gitanes, je ne sui spas sûr du chiffre, je ne les ai pas comptées », « en Roumanie, on estime qu’à peu près un cinquième de la communauté des Gitans [sic!] est vraiment criminogène », dit M. Laulan, de l’Institut de géopolitique des populations. La preuve qu’il ne sait pas de qui il parle : il appelle les Rroms de Roumanie « Gitans », alors que ce terme désigne uniquement ceux des Rroms qui ont construit leur identité dans la péninsule ibérique et qu’on trouve en Espagne, en France et en Amérique Latine. Aucune tentative n’a été faite pour clarifier la confusion entre Rroms et Roumains, et de plus, des chiffres sont avancés sans aucun fondement, comme M. Laulan l’admit liu-même, et en tout cas, en contradiction avec toute estimation qui aurait pu être faite par les autorités roumaines.


    Parlant de la mendicité, M. Fiori, policier, affirme en totale contradiction avec le reportage que « bien souvent, les enfants ne sont pas les vrais enfants de ces mères que l’on décrit aujourd’hui ». Evidemment, aucune preuve de cette affirmation n’est apportée, mais cela n’empêche pas M Raufer d’aller plus loin : «Ce  sont des gamins qui peuvent être aussi bien d’autres Gitans, d’ailleurs, ou qui ont été volés n’importe où ou achetés dans des pays encore plus pauvres, comme la Moldavie ». M. Raufer, criminologue, de son vrai nom Christian de Bongain, déplore que la police «ne peut pas aller au-delà de poser des questions aux gens». Il cache à peine sa frustration face à l’absence d’une police spécialisée sur la question rrom : «dès qu’il y a un problème de diagnostic, il y a un vrai problème de volonté politique ; on prend des fonctionnaires, on leur dit ‘vous allez faire ça’ et ils le font. A l’heure actuelle ça n’est pas fait »

    Jugeant cette émission volontairement raciste, les associations rroms ont décidé de saisir le Conseil Supérieur de l’Audiovisuel ainsi que le Procureur de la République pour incitation à la haine raciale.
    Suite à ce commuiqué, quelques articles ont été publiés dans la presse. L'Humanité a publié une tribune libre des associations rroms, consultable ici.

    Charlie Hébdo a publié l'article suivant:


     

    Yves Calvi et les « voleurs de poules »  

    Racisme anti-Roms dans l'émission « C dans l'air », du journaliste Yves Calvi diffusée le 11 février. France 5 essaie-t-elle de concurrencer Radio Courtoisie?

    Au moment même où l'Europe se mobilise pour lutter contre les discriminations dont sont victimes les Roms, une émission intitulée « Délinquance: la route des Roms » a été diffusée dans l'indifférence générale vendredi 11 février sur France 5, chaîne du service public. Avec un titre pareil, elle aurait pourtant dû être censurée. Imagine-t-on une seule seconde des émissions sur le thème: « Délinquance: la route des Juifs », « Délinquance: la route des Arabes » ou « Délinquance : la route des noirs » ?Véhiculer de tels clichés sur ce peuple européen (d'origine indienne et vivant principalement en Europe de l'Est) semble ne pas choquer grand monde. Comme si peu de gens avaient conscience du caractère raciste de l'équation: Rom égale délinquant… Pour son émission d'une heure, un débat en plateau entrecoupé de reportages, le journaliste Yves Calvi (1) avait invité un policier d'Alliance (syndicat tendance UMP), le criminologue Xavier Raufer (ancien militant à « Occident » qui n'a jamais caché ses convictions très à droite), le géopoliticien d'extrême-droite Yves-Marie Laulan (en vedette sur le site Web libéralo-nationaliste « les 4 vérités.com ») et, comme seul contrepoids, le président du tribunal pour enfants de Bobigny Jean-Pierre Rosenczveig. Celui-ci estime rétrospectivement qu'il a été piégé: « L'émission était assez déséquilibrée, c'est le moins que l'on puisse dire ».

    En introduction, Yves Calvi avait donné le ton: « la multiplication des affaires de délinquance concernant les Roms est assez stupéfiante, comme en témoignent les chiffres sur les mineurs à Paris, de la criminalité organisée aux bandes de gamins ». S'ensuivit un délire fantasmatique sur les Roms: « On ne peut pas les intégrer », « On ne sait pas un millième de ce qui se passe à l'intérieur de ces communautés-là », « Pour bien faire il faudrait soustraire complètement ces enfants à leur famille », « De manière indigène, en France on n'a pas de criminalité comme çà », « Il y a trois millions de Roms en Roumanie. Vous voyez par conséquent l'énormité du problème qui peut se poser le jour où un grand nombre de Roms décideraient, attirés par la politique sociale française, de venir chez nous! ».

    Maître Henri Braun, membre de la Ligue des Droits de l'Homme et avocat de l'association «  La Voix des Roms » a décidé de saisir le CSA.

    Emmanuelle VEIL – Charlie Hebdo - Mercredi 23 février 2005.

    Enfin, le journal Libération du 16 février 2005 a publié une brève dont voici le texte intégral:

    Des Roms accusent France 5

    Plusieurs collectifs de Roms ont saisi le CSA pour protester contre un numéro de C dans l'air, diffusé vendredi sur France 5. Ils jugent que l'émission, intitulée "Délinquance: la route des Roms", véhiculait des clichés racistes sur leur communauté."

    Effectivement, nous jugeons que l'émission véhiculait des clichés racistes sur notre peuple (nous ne dirons pas "communauté" car nous n'aimons pas ce mot). Et nous avons été confortés dans ce jugement par:

    • la critique énergique du Conseil de l'Europe qui, alerté par nos associations, a écrit au président de France Télévision
    • les nombreuses signatures de la pétition que nous avions lancée à l'attention du CSA
    • la décision de mise en garde prise par le CSA, que vous pouvez consulter ici

    Nous tenons à remercier les journalistes courageux, particulièrement Melle. Veil de Charlie Hébdo et Mme. Rive de l'Humanité, de leur sens de citoyenneté et de leur rigueur professionnelle qui va au-delà d'un certain corporatisme fautif que nous avons pu observer chez certains de leurs confrères. Heureusement, il y a encore des journalistes qui nous font garder la confiance en la presse.


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