• L’histoire et l’affectif ne font pas bon ménage

    COMMUNIQUE

    <o:p></o:p>

     

     

    Oeuvrant entre autre pour la mémoire et l'enseignement du génocide dont furent victimes les « tsiganes » lors de la Seconde guerre mondiale, l'association « La voix des Rroms » exprime ses plus fortes réserves suite à la proposition du président de la République de « confier à des élèves de CM2 la mémoire de l'un des 11.000 enfants morts dans la Shoah ». Seul l'enseignement de ces pages sombres de l'histoire peut contribuer au développement de l'esprit critique et éviter que l'histoire se répète. Quant à l'aspect émotif, celui-ci n'a jamais contribué durablement ni à l'instruction, ni, encore moins, à la paix sociale.

    Pendant trop longtemps, les survivants rroms, sinté et kalé des camps d'internement, de déportation et d'extermination, tant en France qu'ailleurs en Europe, se sont tus sur les horreurs qu'ils avaient vécus. Probablement par honte et pudeur, mais aussi, certainement, pour ne pas transmettre à leurs enfants des sentiments qui pourraient être destructeurs. Ce n'est que récemment, voyant qu'ils étaient de moins en moins nombreux, et inquiets de l'avenir de leurs petits-enfants, qu'ils ont commencé à témoigner. Ces personnes âgées, qui gardent sur leurs corps et dans leur esprit les stigmas de la persécution, ont pris le temps nécessaire pour transmettre cette histoire horrible, au risque de l'oubli. Elles ont pris le temps pour que leurs petits enfants sachent, pour qu'ils comprennent, mais sans susciter en eux la haine.

    A quoi sert la mémoire du passé si ce n'est à la préparation d'un futur meilleur ?

    A quoi sert la transmission d'une mémoire douloureuse, et de surcroît tronquée, à des enfants en pleine construction de leur personnalité, sans un message pédagogique ? Que souhaiteraient ces enfants déportés s'ils avaient survécu, pour les petits scribes ? Leur auraient-ils parlé de leur histoire ? De quelle manière ? Ceux qui ont survécu connaissent les réponses, et les ont fait savoir.

    Le cumul de l'émotif et de l'histoire n'a jamais rien apporté de bon. «La voix des Rroms » en appelle à la conscience des enseignants d'honorer leur mission, trop noble pour servir à des fins démagogiques.

    <o:p> </o:p>

    <o:p> </o:p>


    Tags Tags : , , , , , , , , , , , , ,
  • Commentaires

    1
    gavali
    Mercredi 20 Février 2008 à 23:11
    devoir de mémoire
    Je suis un enfant de la guerre. Des bombardements, de la peur, de ces maladies qu'on atrappe parce qu'on mange très peu et très mal. Non, ma famille n'a pas été déportée. Juste quelques tantes et cousins exécutés ça et là. Mais j'ai été nourrie de récits, de souvenirs, de témoignages qui ont donné une couleur très noire à mon adolescence. A propos de mon père, il avait sur sa carte d'identité "Signe particulier: teint olivâtre". Un teint rrom, bien sûr. Et s'il a résisté avec fureur, c'était pour le principe mais aussi pour son peuple; j'ai appris par la suite la cinquantaine de camps d'internement organisés par la France. Et puis la déportation, l'essai du Zyklon B sur des enfants Rroms, Mengele, et puis tous ces camps de moindre importance dont on ne parle jamais car ils concernaient surtout les Rroms: Jasenovac en Croatie, Lety en République tchèque (qui est devenu un élevage de porcs....no comment)Salaspils en Lettonie, et tant d'autres... oubliés.... J'ai demandé à mon "olivâtre" de père pourquoi iln'y avait pas un mot sur le martyre de plus de 500.000 Rroms dans mes livres de collège, pourquoi pas UN seul témoin rrom à Nuremberg...il détournait la tête et disait à ses enfants: "Ne dites jamais que votre père est Rrom, ça vous attirera des ennuis". Je ne comprenais pas; Je ne comprends rien. Nous ne sommes rien. Ah et puis, j'ai des copains psychiatres qui parlaient de "ça" l'autre jour. Ils disaient "Pauvres gamins, si on leur impose un petit mort qui les suit partout comme leur ombre, ils seront traumatisés à vie. Je ne comprends pas. Je ne comprends rien.
    Suivre le flux RSS des commentaires


    Ajouter un commentaire

    Nom / Pseudo :

    E-mail (facultatif) :

    Site Web (facultatif) :

    Commentaire :