• Les logements pour 80 Rroms à Aubervilliers ont été construits et les bénéficiaires y habitent depuis trois jours. Le Parisien s'en est fait l'écho de cet événement, que nous n'avons pas suivi de près, mais dont nous avons eu aussi des échos d'amis qui y ont assisté.

    Le Parisien écrit: "Le but, c'est d'être en mesure d'intégrer un logement classique d'ici à trois ans. Christophe Auger [déléguée général à l'association logement jeunes, il est gestionaire du site, ndlr] rappelle quelques règles. « Vous n'avez pas l'autorisation de recevoir des visiteurs et je ne veux pas de linge aux fenêtres, ce n'est pas beau ! », énumère-t-il à Robert et sa famille, qui acquiescent, souriants."

    Et puis, à la fin de l'article, on y lit la réaction d'un des bénéficiaires: "Petru pense à l'avenir, au travail qu'il aimerait trouver. « On a tant de chance d'être ici. C'est super et c'est joli. Un jour, j'aurais une autre maison en France, mais, cette fois, elle sera à moi », projette le chef de famille."

    C'est que, au-delà du fait que c'est provisoire, cela doit être difficile de se sentir chez soi à ce lieu fermé et gardé 24H/24 par deux personnes en armes et en gillets pare-balles. Il a été aménagé dans le cadre d'une Maîtrise d'Oeuvre Urbaine et Sociale (MOUS), finalement assez peu socialisante. On ne peut même pas recevoir des amis pour boire un café et discuter.

    Faudra-t-il que les bénéficiaires aillent tous les dimanches à la messe, camembert et vin en main? Cela ressemble un peu à la fable d'Esope 'Le chien et le loup', n'est-ce pas?


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  • The Associated Press - 20/07/07 à 12:39:20

    Economie/Social

    Quatre syndicats de l'inspection du travail ont annoncé, vendredi, qu'ils
    déposaient un recours devant le Conseil d'Etat contre les attributions du
    ministre de l'Immigration Brice Hortefeux, qui permettent à ce dernier
    d'utiliser les inspecteurs du travail dans la recherche des travailleurs
    étrangers illégaux.

    Dans un communiqué commun diffusé vendredi, la CGT, la CFDT, le SNUTEF-FSU et le
    syndicats SUD-Travail "s'associent pour déposer un recours contre le décret
    d'attribution du nouveau ministre 'de l'Immigration, de l'Intégration, de
    l'Identité nationale et du Codéveloppement'".

    "En effet, ce décret, en donnant compétence à ce nouveau ministre sur 'le
    travail illégal des étrangers', créé une catégorie juridique de délit qui n'est
    pas prévue par la loi et qui n'existe ni dans le code pénal, ni dans le code du
    travail", estiment les syndicats.

    "Cette catégorie juridique est fondée sur une distinction par l'origine ethnique
    ou raciale discriminatoire qui contrevient au droit international et européen et
    aux dispositions de la constitution et des lois françaises", ajoutent les quatre
    organisations.

    "De surcroît", expliquent les syndicats, "en plaçant la Direction générale du
    travail, autorité centrale de l'inspection du travail, à disposition du
    ministère de l'Immigration, de l'Intégration, de l'Identité nationale et du
    Codéveloppement, ce décret met de fait l'inspection du travail sous la
    subordination de ce même ministère".

    Pour eux, cette situation est "en violation de plusieurs dispositions de la
    convention n°81 de l'OIT (Organisation internationale du travail) qui garantit
    l'indépendance de fonctionnement de l'inspection du travail".
    <script></script>
    Les syndicats du ministère du Travail "proposent aux associations de défense des
    droits de l'Homme et aux associations de défense des droits des étrangers de
    s'associer à ce recours et d'organiser en commun des actions à la rentrée". AP

    god/sb


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    be published, broadcast, rewritten or redistributed.

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  • L'article qui suit a été écrit par Alexandre Levy, un journaliste qui écrit entre autres pour Le Monde et pour Matin +. Ces deux journaux ayant refusé de publier son article, il l'a mis sur son blog, et nous le reprenons ici. Dans un commentaire sur le blog de l'auteur, un visiteur se demandait si le plus grave n'était pas la censure, plutôt que la police. A mon avis, la réponse est positive. Pour avoir vécu la plupart de ma vie en Albanie à l'époque communiste, je sais que sans le zèle excessif de la population, la dictature n'y serait pas aussi forte. Et je ne parle pas d'autres régimes, un peu plus anciens, mais je me limite à reprendre ce que d'autres, notamment des historiens ont dit, à propos du rôle de "l'homme ordinaire" dans la mise en place et le renforcement de régimes dictatoriaux et inhumains.

    ---------

    C'est une histoire que j'ai écrit à plusieurs reprises par le passé : celle d'un article "trappé" en douce et d'un blogueur qui révèle, dans la solitude de sa page personnelle, le pourquoi du comment. Mais je n'avais jamais imaginé me retrouver, à mon tour, de l'autre côté du miroir...

    Vendredi 25 mai, en lieu et place d'un article sur les péripéties d'un groupe de musiciens roms hongrois en France, le journal gratuit Matin + publia une page entière de publicité sur... un festival de musique.

    Cet article, sélectionné, traduit et édité par Courrier International devait être publié en vertu d'un accord qui lie les deux publications, donnant à Courrier une totale liberté quant aux choix des sujets et des articles traduits.

    Pendant que cette affaire est discutée avec plus ou moins du succès au plus haut niveau entre nos deux publications, et en attendant que d'autres instances s'en mêlent – ou pas –, je profite donc de mon blog pour raconter l'histoire de ce "papier" qui a tant "offensé la police française" que Vincent Bolloré, à qui appartient Matin + (Le Monde y possède 30 %), a décidé de passer à la trappe.

    Au départ, c'est une histoire, malheureusement banale, de ce qui semble être un excès de zèle de fonctionnaires de police, un zèle que ces derniers ne manqueront pas de justifier par quelque impératif sécuritaire. Un groupe de musiciens roms, Romengo, très connu en Hongrie mais aussi en France et en Europe où ils se produisent régulièrement, revient d'une tournée à Sablé-sur-Sarthe où ils ont joué, à l'invitation des autorités locales, devant un public "enthousiaste et chaleureux". Les choses se gâtent à l'aéroport de Roissy, peu avant d'embarquer sur le vol de retour vers Budapest, assuré par Air France. Les policiers trouvent l'un des étuis de guitare suspect, retiennent les musiciens, font attendre pendant des heures les autres passagers de l'avion. La fouille s'éternise, on passe à des interrogatoires laborieux, puis subitement les policiers disparaissent, sans donner plus d'explications. Lorsque les musiciens montent enfin dans l'avion, c'est le commandant de bord qui, d'autorité, leur interdit de prendre son vol. Les Roms passent la nuit à l'aéroport et ne repartent que le lendemain sur un autre vol vers Budapest, où ils ne manquent pas de raconter leurs péripéties à la presse.

    Le papier en question, que nous avons publié sur notre site, est plutôt ironique que méchant : il est signé par un ancien consul hongrois à Paris, écrivain et poète à ses heures, qui a visiblement pris à cœur de dénoncer le traitement réservé à ses compatriotes. En bon ressortissant d'un ex-satellite soviétique, l'auteur se permet un parallèle cocasse entre ces pratiques et celles qu'avaient lieu en son temps, où règnaient l'ubuesque et l'arbitraire. C'était là, selon moi, l'intérêt de ce papier quelque peu insolite (on pose rarement des problèmes à ceux qui repartent chez eux aux frontières de l'UE...), dans l'entrelacement de ces deux mémoires européennes - car, après tout, la presse française regorge d'articles qui relatent les mésaventures d'étrangers jugés "problématiques" par les autorités compétentes françaises. Et c'est pour cela que, en tant que chef du service Europe de l'Est, je l'ai proposé à la publication : à la fois "chez nous" et chez nos amis de Matin + à travers qui on espère toucher un public plus large que les lecteurs habituels de Courrier International.

    L'équipe de Bolloré aux commandes de Matin + ne l'a pas entendu de cette oreille. "On ne peut pas parler de la sorte de la police française", m'a rapporté l'indignation de la direction une source "amie" au sein du journal lorsque je suis allé aux nouvelles. L'article, de surcroît, à été trappé, si l'on peut dire, dans les règles de l'art : tard le soir, et dans le dos des deux journalistes du Monde qui y travaillent. Mais ça parlementait encore, ce vendredi 25 mai, puisque mes contacts m'assuraient que l'article sera publié, sans faute le mardi 29, qu'ils auraient obtenu gain de cause dans leur bras de fer avec les "Bolloré boys". Mais mardi 29, point de Roms dans Matin +. Et mercredi on me dit que c'est le boss lui-même qui a pris la responsabilité de ne pas publier le papier.

    Voici donc l'histoire toute simple d'une petite censure, franche et décomplexée, pour un papier qui, ma foi, n'en méritait pas autant. Que faire ? Appeler Reporters sans frontières ? quand même pas... En revanche, un coup de fil à Viviane Szabo, la manager du groupe, m'apprend que Romengo compte déposer plainte pour le traitement qu'ont subi ses membres en France. Ils étaient cinq : quatre adultes et une petite fille de neuf ans, la danseuse. Mme Szabo me raconte l'engagement des musiciens de Romengo pour le dialogue entre les cultures, un engagement récompensé par de nombreux prix européens. Elle me rappelle que, lors de leur tournée à Sablé-sur-Sarthe, les musiciens de Romengo sont également intervenus dans quatre écoles pour parler des "arts et de la musique comme moteur de revalorisation culturelle, d'intégration et de mobilité européenne".


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  • Le pélerinage des Saintes Maries de la Mer, ce village plus que charmant de la Camargue, lieu de rencontre de plein de cultures, notamment celle provençale et gitane, est une occasion pour beaucoup de Rroms, Sinté et Kalés de se rencontrer. Cette année, il y eut des Rroms de France, d'Allemagne, de Roumanie, de Portugal, mais aussi de Finlande ou encore de pays d'Amérique Latine.

    La soeur de Vilhelm Covaci, mort il y a presque un an après avoir été poursuivi par la police, y était elle aussi, avec sa mère et sa fille, la petite Sara. Et quel endroit serait meilleur pour baptiser la petite Sara que l'église des Saintes Maries, là où il y a Sainte Sara, patrone des Gitans, qui est devenue Sainte pour cette raison, sans jamais avoir été canonisé par l'Eglise! L'avocat de la famille est le parrain de ce baptême, et la déléguée de la France au Forum européen des Rroms et gens du voyage est marraine. Voici un événement familial qui est aussi politique, tout comme le pélerinage qui a suivi. En effet, depuis le 19e siècle et avec une rupture pendant la Seconde Guerre Mondiale, ce pélerinage est un lieu de rendez-vous pour retrouver la famille et les amis. Il est aussi le lieu où on discute, on échange et on projette.

    Une équipe de la chaine de TV Duna est venue exprès de Hongrie pour tourner un documentaire, qui traitera certes du pélerinage, mais aussi et surtout de la situation des Rroms, Sintés et Kalés en France. Nous avons accompagné cette équipe, qui est repartie contente de cette expérience, mais désillusionnée sur la situation de notre peuple en France. Et enfin, elle est partie avec une promesse: tout faire pour compléter ce travail avec une enquête plus profonde sur cette situation dans les prochains mois.

     


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  • Hier, un article du journal gratuit "20 minutes" parlait de quelques Roumains arrêtés à Angoulême alors qu'ils tentaient de vendre un bébé. Les lecteurs du journal en ligne n'ont pas manqué de commenter sur cette affaire qui, toute fraîche, n'était pas claire. Vous pouvez lire l'article et les commentaires ICI .

    Aujourd'hui, l'autre gratuit "métro" fait aussi un article sur la même affaire, un peu plus complet, notamment avec les déclarations de l'avocat des Roumains (on sait maintenant qu'ils sont Rroms). De cet article, que vous pouvez lire intégralement en cliquant ICI nous reproduisant un paragraphe qui nous semble intéressant:

    " L'avocat des Roms appelle à la prudence. “Tout repose sur un seul témoignage”, explique maître Lionel Béthune de Moro, ajoutant que son client maîtrise mal le français. Mettant en garde contre “la dictature de l'émotion”, l'avocat a avancé “nombre d'invraisemblances” dans la thèse d'une proposition de vente d'enfant."

    Effectivement, il y a quelques invraisemblances dans la thèse de proposition de vente, à commencer par la question "vous en voulez combien"? - que le père et l'oncle de l'enfant auraient posée à une passante. S'il s'agissait d'une proposition de vente, est-ce qu'ils n'auraient plutôt demandé "combien donneriez-vous"? A moins qu'il s'agisse d'une proposition de "vente en gros" - l'expression est horrible!, mais dans un cas comme dans l'autre, propose-t-on au premier venu un bébé à vendre ????

    En tout cas, nous rejoignons parfaitement la mise en garde contre "la dictature de l'émotion". Il n'y a rien de pire pour la justice. Et nous ajoutons qu'en février 2005, le président de l'association nationale des sociologues italiens déclarait que les Rroms sont connus pour "voler des enfants et les revendre, souvent en pièces détachées" !!! Ce stéréotype à la peau dure, n'y serait-il pas pour quelque chose dans cette affaire aussi? Nous ne nous permettrons pas de donner une réponse, faute d'éléments de preuve, mais la question mérite d'être posée, surtout si, comme le dit l'avocat, "tout repose sur un seul témoignage".


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